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L'herbe ne pousse pas plus vite quand on tire dessus
23.06.2025
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La puberté est aujourd'hui considérée comme l'une des phases les plus difficiles du développement d’un être humain. Sur le plan neurobiologique, elle se caractérise par d'intenses processus de transformation du cerveau, une réactivité émotionnelle accrue et un profond désir d'appartenance et d'identité (cf. Laurence Steinberg, 2014).
Lorsque l’on travaille avec les adolescents, accompagner attentivement les défis particuliers est de toute première importance dans cette phase de développement. Cette dernière est marquée, sur le plan neurobiologique, par des processus de maturation en devenir, lesquels peuvent se traduire par de l'impulsivité, un repli sur soi ou une motivation qui peut fluctuer considérablement. Il est donc essentiel d'adopter une approche thérapeutique qui crée un cadre optimal conjuguant patience, clarté et empathie. Ce n'est en effet que lorsque les jeunes se sentent en sécurité que la confiance, la perception de soi et la capacité d'expression peuvent se développer progressivement.
Thérapie respiratoire avec des adolescents
La thérapie respiratoire globale intégrative ne se focalise pas seulement sur la respiration elle-même, mais sur l'être humain dans sa globalité, avec ses sensations physiques, ses émotions et ses ressources. Cela permet notamment aux adolescents d'accéder à leur moi, sans pression ni contrainte, et les encourage à s'épanouir à leur propre rythme.
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Entre surstimulation et repli sur soi
Les forces agissent souvent dans des directions opposées: les premiers pas dans le monde extérieur s'accompagnent d'un développement intérieur intense, accompagné d'émotions fortes. Tantôt c’est le besoin d'appartenance qui prédomine, tantôt c'est le repli sur soi, qu’il soit volontaire ou non. Les dynamiques d'attachement infantiles et la lutte pour l'autonomie vont en effet souvent de pair.
Cette période passionnante peut toutefois s'accompagner de symptômes comme la fatigue, l’agitation intérieure, une humeur dépressive ou encore des troubles psychosomatiques. Des facteurs tels que la pression scolaire, les incertitudes quant au choix d’un futur métier, les comparaisons sociales, les premières expériences amoureuses et intimes ainsi que les tensions familiales peuvent renforcer ces symptômes.
Théorie Polyvagal
Travailler avec les adolescents implique que l’on comprenne à quel point leur perception du monde est différent et quel peut être la réaction de leur système nerveux au stress, au surmenage ou à l'insécurité. La théorie polyvagale nous offre ici une bonne explication: notre système nerveux réagit automatiquement à ce que nous percevons comme sûr ou menaçant, par exemple par la connexion, la lutte, la fuite ou la paralysie. Ces réactions influencent notre comportement, notre respiration et notre expérience intérieure. L'état dit «de gel», par exemple, est à peine perceptible de l'extérieur. A l’intérieur, il est vécu toutefois comme une paralysie complète, comme s'il n'y avait plus aucune marge de manœuvre. La thérapie respiratoire comme accompagnement peut avoir dans ce contexte un effet stabilisateur et fortifiant.
La confiance demande du temps
L'établissement d'une relation de confiance, la découverte des jeunes, de leur langage, de leurs préoccupations et de leur rythme sont au cœur de cette approche. Il faut parfois du temps pour trouver les mots qui expriment ce que l'on ressent: Comment vais-je vraiment? Qu'est-ce qui est important pour moi? Qu'est-ce qui me fait plaisir? Qu'est-ce que je sais bien faire? Quelles sont mes difficultés?
Nombre d’adolescents se montrent plutôt réservés au début, en particulier lorsqu'il s'agit de travail corporel. Mais dès qu'ils se mettent aux premiers exercices et qu’ils en ressentent les effets, ils font souvent preuve de curiosité, voire d’enthousiasme. Certains adoptent même une attitude critique et veulent vérifier si cela leur convient vraiment, alors que d'autres acceptent rapidement les nouvelles impulsions. Les deux attitudes sont possibles. Le travail en commun se fait sous le signe de l’attention et de l’encouragement.
La clé, la perception de soi
La respiration, le toucher, le mouvement, les discussions, le travail sur les limites et la posture aident les adolescents à mieux se sentir, à nommer leurs sentiments et à mettre de l'ordre dans leurs pensées. Selon la situation, le massage respiratoire fait également partie de la thérapie, car il peut aider à soulager des tensions profondes et favoriser la respiration. Ce qui est déterminant, ce n’est pas d’avoir un déroulement fixe, défini a priori, mais de se poser la question suivante qu'est-ce qui fait du bien à cette personne en particulier? Qu'est-ce qui la touche?
Chez les jeunes, la force intérieure et la confiance en soi naissent et se développent lorsqu’ils apprennent à reconnaître leurs propres besoins (motivations, intérêts, limites) et à les distinguer des attentes du monde extérieur. Cette capacité de discernement est essentielle pour s'orienter dans la vie. Elle permet de développer l'expressivité, la clarté et la stabilité, qui sont la base pour s'exprimer et communiquer de manière compréhensible et confiante dans son environnement familial, scolaire ou social.
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Laisser de l'espace – renforcer les racines
Nous, les adultes, oublions parfois ce que c'était que de vivre à cet âge. Le travail avec les jeunes me le rappelle sans cesse: il exige de la présence, de l'empathie et de l'attention. La Thérapie complémentaire offre un cadre clair ainsi que la liberté de se rencontrer soi-même et de grandir de manière individuelle. C'est un voyage vers plus de paix intérieure, de force et de voix, un processus qui se déroule à son propre rythme. Car l'herbe ne pousse pas plus vite quand on tire dessus. Mais si le sol est bien préparé, les racines sont solides et laissent place à la croissance, tout naturellement.
Auteure:
Kateria Gnehm, Thérapeute complémentaire certifiée en Thérapie respiratoire
Association professionnelle suisse pour la Thérapie respiratoire www.atem-schweiz.ch
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